Comme un symbole, notre rencontre s’est effectuée à Saint-Émilion, lors de notre première vinification. Loin de penser que nous en serions là six ans plus tard ! L’un étudiant, l’autre curieux, tous deux motivés par l’apprentissage et la richesse des expériences. Trois années à évoluer dans le vignoble bordelais ont suivi, partagées entre vigne et cave. Puis un BTSA Viti-Œno en poche chacun, nous partîmes faire un tour. Une boucle plus exactement, qui nous a amenés à cheminer sur 3 continents, à traverser 2 océans, vinifier dans 8 pays, mais le plus important, vivre et découvrir la singularité. La singularité des terroirs et des Hommes, découvrir une autre culture du vin, d’autres manières de faire, de penser, souvent décomplexées, parfois déroutantes. Dans ces winery, bodega, quinta où l’emprise invisible des habitudes n’existe pas. Lors d’une dernière vinification en Suisse, une discussion autour d’un verre de vin acheva de mûrir notre envie commune de faire des vins ensemble. Le choix du lieu n’était pas encore arrêté, pourtant l’idée de faire des vins de terroirs, de parcelles, de bouts de terre était là. Faire parler ces bouts de terre, essayer de les accompagner dans leurs expressions. Puis, l’opportunité de pouvoir installer quelques cuves dans une grange attenante à la maison des grands-parents de Thomas se présenta. Les planètes ne s’alignant jamais seules, la grange, (re)devenue cave, surplombe la partie septentrionale de la vallée du Rhône. Ici la notion de terroir prend tout son sens, la Syrah, l’unique cépage Rouge de la vallée, est magnifiée sur 5 AOC qui se dressent de part et d’autre du Rhône. Nous nous situons aussi à la croisée des chemins, au nord, le Beaujolais et son acolyte le Gamay. Le sud qui nous drague avec ses cépages pleins de générosité qu’il faut savoir guider pour en tirer la meilleure expression. Mais aussi les petits arpents de parcelles éparpillés ici et là autour de ces lieux reconnus que l’on rangeait autrefois sous la dénomination de « Vin de table ». Vous savez, celui que l’on buvait en se tenant à la table, en le faisant glisser dans le trou éternel. Notre volonté est de travailler avec des vignerons qui vivent ces parcelles, motivés à en tirer le meilleur fruit. C’est ensuite à nous de transformer ce potentiel, travailler ces raisins avec humilité et respect, un ouvrage auquel on s’adonne avec plaisir et passion. En effet, inspirés par nos parcours, nous souhaitons expérimenter, apprendre et explorer cette infinité de possibilités qui s’offrent à nous. Avec une vision la plus cohérente possible, travailler le fruit en intervenant avec parcimonie, tel un parent aidant son enfant à faire ses premiers pas. Notre travail à la cave se veut simple, avec pour ligne directrice : être le plus précis pour minimiser l’utilisation d’intrants. Ainsi nos parcelles sont toutes vendangées à la main. Les raisins sont transportés en cagettes ajourées d’une trentaine de litres, ces faibles volumes limitent l’écrasement de la vendange avant encuvage. À l’arrivée des raisins à la cave, ils passent quelques heures en remorque frigo pour être encuvés à froid. Cela nous permet de prolonger nos macérations et d’aller chercher le fruit en modulant nos extractions. Nos cuvées sont vinifiées en grappes entières. Un léger foulage aux pieds est réalisé lors de l’encuvage, sur les premières cagettes de raisins, pour en extraire les premiers jus. Les fermentations se font en levures indigènes. Nos durées de macération sont très variables, nous adaptons nos choix à nos ferments, au millésime et à notre sensibilité. Les presses sont assurées grâce à l’aide de « dentelle », notre fidèle pressoir vertical à cliquet, pour une durée moyenne par pressée d’une vingtaine d’heures. Les fermentations malo-lactique se font naturellement. Sulfitage éventuel après FML et/ou mise en bouteilles, modulé selon les cuvées et le millésime. Les élevages ont lieu en fûts bourguignons de 2 à 4 vins et/ou en garde-vin inox de 1 à 10 hl. Les mises en bouteilles se font manuellement pour accompagner le vin lors de cette dernière étape cruciale.