Géorgie
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Mais la Géorgie ne s'est jamais contentée d'être un musée du vin : elle en est le cœur battant. En Géorgie, le vin n'est pas une boisson, c'est un langage, une philosophie. Chaque maison possède un qvevri enfoui dans le sol, chaque repas commence par un supra : un banquet rituel où le vin accompagne les toasts, les chants et les histoires. Cette tradition millénaire est toujours vivante aujourd'hui. Ainsi, en Géorgie, le vin n'a jamais cessé d'être naturel. Pas d'additifs, pas de levures sélectionnées, seulement du raisin, du temps et un savoir-faire transmis de génération en génération. Alors que les Occidentaux redécouvrent les vins vivants, les Géorgiens n'ont jamais cessé de les élaborer de cette manière.
Pendant une grande partie du XXe siècle, le patrimoine viticole de la Géorgie a été dilué par les exigences de production de masse de l'URSS. Les qvevris ont été scellés, les cépages indigènes abandonnés et les vins naturels remplacés par des liquides standardisés, calibrés pour plaire aux planificateurs soviétiques plutôt qu'aux papilles gustatives humaines.
Mais sous cette couverture industrielle, le feu continuait de couver : dans les villages reculés de Kakhétie, d'Imérétie et de Ratcha, certaines familles continuaient, discrètement, à faire du vin comme leurs ancêtres l'avaient fait. Les qvevris n'ont jamais cessé de respirer.
Après la chute de l'Union soviétique en 1991, le pays s'est retrouvé épuisé, mais libre. Et heureusement, c'est là que tout a recommencé. Les jeunes générations, héritières d'un millénaire de savoir-faire, ont compris qu'elles détenaient un trésor culturel et sensoriel inestimable.
Dans les années 2000, une poignée de vignerons pionniers, dont Ramaz Nikoladze, John Wurdeman, Gela Patalishvili & Erik Andermo de Pheasant's Tears, ainsi que quelques autres, ont relancé la vinification traditionnelle en qvevri, rejetant tout apport chimique, toute standardisation et toute illusion technologique. Il ne s'agissait pas d'un retour en arrière, mais d'un retour aux sources, avec une conscience moderne de la vie, du terroir et du goût.
Peu à peu, le monde a commencé à s'y intéresser. Des importateurs curieux venus du monde entier, des sommeliers audacieux et quelques figures du mouvement des vins naturels (notamment en France et en Italie) ont traversé le Caucase pour comprendre ce phénomène. Ce qu'ils ont découvert les a époustouflés :
Ce n'était plus du folklore : c'était une révélation gustative et éthique. Au début des années 2010, le mouvement a explosé. Des bars à vins naturels ont vu le jour à Paris, Tokyo, New York et Copenhague ont commencé à servir des vins de Kakhétie comme vestiges vivants d'une humanité préindustrielle. Les vins de Pheasant's Tears, Iago's Wine sont devenus des références, non pas pour leur perfection technique, mais pour leur âme.
Elle est hautement philosophique ! Dans un monde obsédé par la technologie, la productivité et la performance, la Géorgie nous rappelle que le vin est avant tout une relation entre l'homme et la nature, entre la terre et la mémoire. En 2013, l'UNESCO a officiellement inscrit la méthode géorgienne de vinification en qvevri au patrimoine culturel immatériel, reconnaissant non seulement une technique, mais aussi une vision du monde : celle où le vin est élaboré sous terre, dans le silence et le temps, à l'écoute de la nature plutôt que de la forcer.
Aujourd'hui, la Géorgie compte plus de 500 cépages indigènes, un record mondial, dont une trentaine sont vinifiés selon des méthodes naturelles, notamment le Rkatsiteli, le Saperavi, le Mtsvane, le Kisi, le Tsitska et l'Otskhanuri Sapere. Autant de noms poétiques qui reflètent la diversité des « terroirs » du Caucase. Et au-delà du vin, c'est toute une culture qui renaît : le chant polyphonique, les repas communautaires (supras), l'hospitalité radicale, l'artisanat du qvevri. Tout cela s'inscrit dans une seule et même trame : « la fidélité à la vie ». Le vin géorgien du XXIe siècle n'est pas une reconstruction archéologique : c'est une révolution tranquille, une leçon à tirer pour le monde entier. Alors que beaucoup cherchent à « être naturels », la Géorgie nous rappelle comment ne pas respecter notre mère nature.
Le monde du vin est souvent en quête de nouveauté, mais la Géorgie a offert quelque chose de bien mieux : un souvenir redécouvert. Et c'est ce souvenir, profondément enraciné dans la terre du Caucase, qui a insufflé un nouveau souffle aux verres à vin du monde entier. Dans les années 2000 et 2010, des vignerons naturels européens tels que Pierre Overnoy, Jean-François Ganevat ont cherché à redonner toute son authenticité au vin, trouvant en Géorgie un miroir, presque une origine spirituelle.
Quand Gravner redécouvre le qvevri.
Le tournant est presque légendaire : au début des années 2000, Josko Gravner, un vigneron visionnaire originaire du Frioul, s'est rendu en Géorgie. Il y a découvert des jarres en argile enterrées, appelées qvevri, utilisées depuis huit millénaires. Fasciné, il en a commandé plusieurs et les a fait expédier en Italie pour les utiliser dans la macération de ses vins blancs. Ce geste, à la fois humble et radical, a déclenché une vague d'imitations. Radikon, Prinčič, Foradori, et La Stoppa ont également manifesté leur intérêt. Il ne s'agit pas d'une mode passagère, mais d'une redécouverte du geste originel, qui consiste à laisser le vin naître dans la terre, sans le dompter.
À partir de là, tout s'est accéléré. Le vin orange, longtemps considéré comme une curiosité pour les amateurs, est devenu un symbole de résistance à la standardisation. Les vignerons du Jura, Slovénie, Australie et Japon s'en sont inspirés, chacun reproduisant à sa manière la philosophie géorgienne :
Ce mouvement international, regroupé plus tard sous l'étiquette « vin naturel », trouve en Géorgie non seulement un modèle technique, mais aussi une justification historique et morale : si l'humanité a commencé à produire du vin sans additifs, pourquoi ne pas revenir à ce style de vinification ?
Aujourd'hui, dans un bar à vins naturels à Paris, Melbourne, ou Séoul, il n'est pas rare de trouver une bouteille géorgienne nichée entre un Jura oxydatif et un Frioul ambré. Le vin géorgien n'est plus une curiosité archéologique : il est au cœur du mouvement contemporain viticole. Les négociants en vins, les sommeliers et les amateurs l'associent spontanément à l'esprit du vin naturel : un vin qui ne triche pas, qui vit et évolue, parfois déroutant mais toujours sincère et authentique.
Comme nous l'avons déjà mentionné à plusieurs reprises à propos du vin naturel, ce phénomène n'est pas seulement une mode. Il marque une réconciliation entre le monde moderne et son passé agricole. Ce que la Géorgie enseigne au reste du monde, c'est que le vin n'a pas besoin de technologie pour être excellent, mais plutôt de temps, de confiance et d'attention. Et tandis que les pionniers du mouvement du vin naturel en France, en Italie et au Japon ont trouvé leurs mentors spirituels en Jules Chauvet et Lapierre (qui ont été à l'origine de la renaissance du mouvement des vins naturels), ils reconnaissent volontiers que les racines de cette philosophie sont encore plus profondes dans le sol du Caucase. La Géorgie est véritablement la patrie du vin naturel, point final.
Ce qui est fascinant, c'est que la Géorgie n'a pas cherché à séduire le monde : c'est le monde qui est venu en Géorgie. Les amphores, autrefois considérées comme primitives, sont devenues les symboles de l'avenir du vin. Les vignerons du XXIe siècle, de Tbilissi, Tokyo, de Beaune à Brooklyn, parlent désormais le même langage : celui de la fermentation naturelle, du respect de la vie, de la nature et de la quête d'authenticité. Dans un monde saturé de bruit, le vin géorgien nous rappelle que parfois, nous devons écouter le murmure de la terre. Et, entre deux gorgées ambrées, nous réalisons que cette renaissance n'est pas un retour en arrière : c'est un nouveau départ.
La Géorgie compte actuellement 20 bars, 15 restaurants et 12 cavistes, dont certains sont spécialisés dans les vins naturels.
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