Emmanuel Rostaing-Tayard est de ceux que l'on appelle « enfants du pays ». Il a grandi à Savigny, petit village de 2 000 habitants situé à 35 kilomètres de Lyon. C'est ici qu'il se sent à sa place. Surtout quand il est entre 2 rangs de vigne. Petit, il y suivait bien volontiers sa grand- mère, Marguerite, qui y effectuait tous les travaux, même ceux traditionnellement réservés aux hommes. Ainsi, ce sont ses grands-parents paternels qui ont transmis à Emmanuel l'amour de la nature, de la viticulture et du vin. Curieux, Emmanuel est d'abord parti explorer d'autres univers avant d'enfin écouter sa petite voix intérieure qui le sommait de revenir aux sources, rentrer à la maison, devenir à son tour paysan. C'est finalement à la mort de ses grands-parents, en 2017, qu'Emmanuel cède à l'appel de la terre et entame une reconversion professionnelle. S'en suivent plusieurs expériences sur d'autres terres viticoles, en France et à l'étranger. Si facilité faisait partie de son vocabulaire, Emmanuel aurait sûrement saisi les opportunités qui se sont offertes à lui pour s'installer ailleurs, loin des Coteaux-du-Lyonnais. Lui a préféré jouer les cartes de la patience et de l'entêtement dans l'unique dessein de donner naissance à son propre domaine sur ses terres natales. 2020, coup du sort : Emmanuel a l'opportunité de sauver in extremis les dernières parcelles de gamay de Savigny. Le village, considéré autrefois comme un berceau de la viticulture, a vu disparaître une à une ses terres viticoles au profit de constructions immobilières. Emmanuel bataille pour conserver le dernier carré de vieilles vignes du Récy, le remet en état et devient ainsi « l'irréductible vigneron de Savigny », le seul vigneron à sculpter le paysage de la commune. Depuis, il comptabilise 8 hectares, tous conduits en biodynamie puisque c'est la seule façon de cultiver la vigne qu'envisage Emmanuel. C’est simple il ne sait pas faire autrement ! A ce propos, il peut désormais compter sur sa soeur, Claire, paysan herboriste fraîchement installée à Savigny. Ensemble ils créent des préparations à base de plantes 100% locales pour une culture biodynamique en toute transparence. Dans les vignes, Emmanuel compte aussi sur ses équipes, notamment ses saisonniers qu'il bichonne en gardant toujours en tête que « happy people make happy wines »! À la cave, la démarche est la même: un point d’honneur est mit sur l’absence d’intrants lors des vinifications, pas d’intrants ni de souffre. Le départ en fermentation se fait naturellement avec les levures indigènes. Pas de sulfite ajouté lors des vinifications. Ni filtration, ni collage où autres procédés. En 2020, la cuvée « Le Cœur des Hommes » voit le jour et séduit déjà les professionnels et amateurs qui y voient un gamay parfaitement équilibré et y reconnaissent les marqueurs forts de l'AOC Coteaux-du-Lyonnais. Surprise et crédibilité dès le premier millésime ! Très vite, 2 autres cuvées aux noms évocateurs (Le Chant du loup, Ultreïa) verront le jour, en blanc et en rouge. Cette gamme de 3 vins a été pensée au travers d'une sélection parcellaire reflétant la mosaïque de terroirs qui compose le vignoble du domaine. Avancer à contresens pour créer des vins qui en ont, voilà ce qui anime Emmanuel éponyme de son propre domaine.