Je suis né dans une ancienne famille de vigneron (1862), pour qui la terre (vigne mais aussi culture vivrière dans le passé) a toujours été le moyen de subsistance; De ce fait un de mes objectifs premier est de préserver et mettre en valeur ce patrimoine familial dont je suis maintenant responsable. Ce devoir de pérennisation a rejoint mes convictions écologiques dans le sens ou la culture biologique reste le meilleur moyen de favoriser la résistance et la longévité de nos pieds de vigne, le choix du BIO était donc naturel à mon retour sur le domaine en 2013. Dans une région fortement impactée par l’industrialisation de l’agriculture , il me parait indispensable en tant que jeune vigneron d’essayer de montrer qu’une autre viticulture est possible, sans chimie, et sans chercher à résoudre les problématiques du vignoble par toujours plus de mécanisation et une recherche du rendement à tout prix. le cap des 10 prochaines années est déjà fixé, avec de nombreux projets en cours comme l’expérimentation de l’agroforesterie (plantation d’une première parcelle en Novembre), l’expérimentation de techniques alternatives pour la protection du vignoble (utilisation de plantes locales) et bien sur le développement des vinifications sans intrants (qui représentent déjà environ 50% du volume total vinifié). Dans les vignes ma préoccupation première est la préservation de la santé des sols, à mon sens l’axe le plus important pour des vignes en pleine santé, des raisins sains et vins expressifs; Nous nous efforçons donc de laisser la végétation indigène se développer, en effectuant seulement un travail du sol limité et superficiel (5/10 cm de profondeur max afin de ne pas trop perturber la biologie du sol); Cette réflexion nous poussent également à limiter nos traitement afin de ne pas trop tasser les sols et réduire les doses de Cuivre au maximum (entre 2 et 3 kg /HA et par an en moyenne, en dessous du seuil autorisé par la charte Demeter). Nous acceptons d’ailleurs la possibilité de perdre un pourcentage de récolte en faveur d’un impact environnemental réduit. Sans pratiquer la biodynamie (je n’ai pas de dynamiseur) nous faisons régulièrement usage de macérations et d’infusions de plantes locales afin de réduire encore l’utilisation des traitement classiques aux soufres et Cuivre. Dans la cave, nous préparons chaque année un levain maison en récoltant une dizaine de jours avant vendanges des raisins précoces; ce pied de cuve indigène est utilisé pour ensemencer tout nos petits contenants (futs de 228l, 400 l, amphores de 300l et 1000l et cuves inox jusqu’à 25Hl), ce qui représentent environ la moitié de nos vins; les fermentations se déroulant en plus gros contenants (jusqu’a 10 000 l) sont également démarrées par notre levain indigène mais il peut m’arriver d’inoculer une levure sélectionnée en cours de fermentation en cas de difficultés.. Concernant le soufre, au moins 50% de nos vins n’en voient pas la couleur; je ne l’utilise qu’en cas de vendange trop chaude, sur les jus de fin de presse (tailles) et parfois pour protéger des vins de réserve destinés à rester en cuves plusieurs années. Nous compensons l’absence de soufre par un suivi très poussé des vins (dégustation toute les semaines), des ouillage régulier et une bonne hygiène de cuverie. Les vins sont donc manipulés le moins possible, gardés sur lies totales jusqu’aux mises en bouteilles, sous gaz si possible et évidemment jamais filtrés.